Suite à l'annonce par les pays de l'OPEP+, dimanche dernier, d'une réduction de la production de pétrole d'environ 1,5 million de barils par jour entre mai et décembre, la presse internationale (pas la presse belge, bien sûr) a commencé à spéculer sur les raisons de cette décision. Certains médias ont affirmé que la décision était due au fait que la demande de pétrole brut était trop faible ces derniers temps et que les prix étaient retombés à 73-75 USD le baril (ce que nous, citoyens, n'avons guère remarqué à la pompe, du moins pas beaucoup, les prix étant restés très élevés).
Reuters a mené une enquête un peu plus approfondie. Elle conclut que les pays de l'Opep+ ont décidé de réduire leur production de pétrole parce que :
- la demande mondiale de pétrole brut était/est faible
- pour punir les spéculateurs qui profitent de la faiblesse des prix
- l'Opep+ cherche à obtenir des prix plus élevés
- des tensions entre Washington et l'Opep+.
Pas un mot sur une démarche stratégique de la Russie et de la Chine qui mettrait littéralement l'Occident au pied du mur.
Tous les experts s'accordent à dire que la réduction des prix du pétrole constituera un défi majeur pour les gouvernements des pays consommateurs, tels que les États-Unis, qui sont déjà aux prises avec une inflation élevée et la volatilité du secteur bancaire. L'Union européenne ne figure même pas dans le débat.
"Nous ne pensons pas que l'austérité soit conseillée en ce moment, étant donné l'incertitude qui règne sur le marché, et nous l'avons dit clairement", a déclaré un porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis (comme si les pays de l'Opep+ allaient être impressionnés par cela).
La hausse des prix du pétrole attendue pour le reste de l'année à la suite de ces réductions volontaires pourrait alimenter l'inflation mondiale, ce qui inciterait les banques centrales du monde entier à adopter une position plus agressive en matière de relèvement des taux d'intérêt. Toutefois, cela freinerait la croissance économique et réduirait l'expansion de la demande de pétrole", a déclaré Victor Ponsford de Rystad Energy dans une note de recherche (ce qui est très exact).
Le président américain Joe Biden a déclaré lundi 03.04.2023 que les réductions de la production de pétrole de l'OPEP+ annoncées ce week-end "ne seront pas aussi mauvaises que vous le pensez".
Bien sûr que non. Joe pense qu'il va gagner des milliards grâce aux ventes de combustibles fossiles. Cet homme est un idiot. Il dit n'importe quoi.
L'UE n'a pas encore réagi à la décision des pays de l'Opep+.
Olaf Scholtz (D), quant à lui, a clairement indiqué que les sanctions contre la Russie allaient à l'encontre de leurs intérêts. Le gaz américain est beaucoup plus cher et de moins bonne qualité. Curieux de savoir ce qui va se passer en coulisses. On s'attend à ce que certains États membres de l'UE continuent d'acheter secrètement du pétrole à la Russie pour répondre à leurs propres besoins, comme ils l'ont déjà fait en catimini par le passé.
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